Nos constats et nos ambitions

2. Un monde globalisé


Notre constat

Plus aucune décision politique, économique, sociale et même culturelle ne peut ignorer le contexte de la mondialisation. La concurrence effrénée soutenue par des nationalismes qui s’affirment est une dure réalité.

La mondialisation, sous l’effet notamment des technologies de l’information (satellite, Internet, GSM,…) et des transports (aériens), est aujourd’hui une réalité.

La mondialisation marque deux ruptures :

  • une rupture dans l’espace, entre des marchés économiques, commerciaux et financiers en voie d’unification et le champ politique qui a du mal à dépasser ses propres limites territoriales ;
  • une rupture dans le temps de réaction qui est quasiment instantané pour les marchés financiers et très rapide pour les entreprises multinationales ; à l’inverse, long pour le politique qui a du mal à anticiper les événements et réagit souvent avec retard alors que sa mission est de donner d’une part du sens – c’est-à-dire un projet articulé sur des valeurs et une direction pour l’avenir- et de l’autre un cadre avec des règles.
    La mondialisation offre de nombreux avantages, comme la liberté d’investir où l’on veut, la possibilité de communiquer avec le monde entier ou de connaître l’étranger. Mais elle pourrait aussi devenir une menace, notamment pour les Européens, en ce qui concerne leur modèle social, leur qualité de vie ou leur diversité culturelle.

La mondialisation a deux traits spécifiques et indissociables: elle contribue au développement mais peut également être source d’inégalités. La concurrence et le libre marché lui donnent tout à la fois son caractère efficace (performance, réduction de coûts, croissance,…) mais aussi inégalitaire (exclusion, répartition de la richesse, marginalisation,…).

Si nous avons besoin de l’efficience de la mondialisation, nous devons corriger son caractère inéquitable. Cela passe par le retour du politique tant au niveau européen pour la plupart des domaines qui nous concernent quotidiennement (transport, économie, sécurité, éducation, culture,…), qu’au niveau mondial (OMC, Kyoto,…).

Notre ambition : construire une Europe politique

Seule une Europe forte, sous la forme d’une Fédération européenne, est capable d’aider à fixer des règles à la mondialisation de l’économie, à contribuer à plus de stabilité et à réduire les inégalités dans le monde.

Pour faire face à la globalisation, pour appréhender cette réalité plus comme un défi que comme une menace, nous soutenons l’idée d’une Europe fédérale. Aujourd’hui, seule une Europe forte est apte à jouer un rôle de « puissance publique » dans la régulation de l’économie mondiale.

Nous ne voulons pas que l’Europe reste un géant économique, un nain politique et un ver militaire. Nous sommes favorables à une Fédération européenne où le Parlement et le Conseil joueraient respectivement le rôle de Chambre du peuple européen et de Chambre des Etats et où la Commission assumerait le rôle de Gouvernement européen.

L’Union européenne est le premier et le plus grand marché du monde. Cependant l’Europe ne doit pas se limiter à être un grand espace de libre-échange. Elle doit se doter des capacités d’agir comme véritable puissance publique européenne.

Nous sommes convaincus qu’une Fédération européenne permettra notamment à l’Union :

  • d’accroître la mobilité de la main d’œuvre, des cadres, des étudiants et des chercheurs ;
  • d’assurer une plus grande croissance économique et plus de progrès social ;
  • de faire valoir sa politique étrangère et de défense tant sur le plan économique que politique ;
  • de mieux protéger l’environnement ;
    de disposer d’un espace de sécurité et de justice européen ;
  • de préserver la qualité des services d’intérêt général ;
  • de mieux accéder aux marchés émergents ;
  • d’utiliser plus efficacement les outils de politique industrielle ;
  • de défendre le respect des normes sociales et environnementales sur le plan international ;
  • d’exporter sa vision du monde.
  • de créer une force militaire européenne.

L’Europe doit cependant être plus transparente et surtout plus ouverte et plus proche des citoyens. Une définition plus claire des responsabilités entre institutions européennes va certainement dans ce sens. De même que l’établissement de politiques européennes qui touchent plus directement les citoyens (en matière de croissance économique ou d’emploi, par exemple).

Si la citoyenneté européenne, avec certains droits essentiels comme le droit de vote des Européens aux élections communales et européennes, existe depuis le Traité de Maastricht, il faut aller au-delà. Nous voulons une Europe politique. Un tel projet requiert que les citoyens de toute l’Europe se sentent chez eux dans chaque Etat membre. Sur le plan démocratique, il va de soi que nous sommes favorables à ce que les Européens disposent aussi du droit de vote aux élections régionales et nationales et l’accès au référendum au niveau européen dont l’organisation incomberait au Parlement européen. Il nous semble que c’est la suite logique dans une construction européenne toujours plus forte et plus intégrée.

Dans ce contexte, nous sommes pleinement favorables à l’établissement d’une véritable Constitution européenne et d’un Gouvernement fédéral européen. Nous défendons l’idée que dans un monde globalisé, il faut intensifier le sentiment d’appartenance commune de tous les Européens, voire à développer un véritable patriotisme européen. Inspiré des valeurs universalistes de l’Europe, loin d’être enfermé sur lui-même, ce patriotisme sera ouvert sur le monde. Fondé sur un substrat culturel chrétien et enraciné dans la philosophie de la raison, ce patriotisme reposera notamment sur des valeurs telles que le respect des minorités, l’état de droit ou la solidarité avec les plus faibles et l’entretien de la mémoire collective européenne.

L’Europe doit aussi affronter les questions de vieillissement de la population et des flux migratoires extérieurs de façon réaliste. Vers 1950, l’Europe représentait 22% de la population mondiale ; aujourd’hui, son poids est de 12% et en 2050, elle risque de n’en peser que 6%.

Nous sommes convaincus que l’ Europe, espace de paix, puissance pacifique – mais puissance quand même – doit toujours plus s’unir afin de mieux se faire entendre sur la scène internationale et faire valoir ses principes: multilatéralisme plutôt qu’unilatéralisme, négociation plutôt que coercition, diplomatie plutôt qu’usage de la force.