Nos constats et nos ambitions

3. Une société éclatée


Notre constat

L’individualisme exacerbé et le communautarisme intégriste présentent autant de dangers l’un que l’autre. La société multiculturelle butte sur les difficultés de réussir l’intégration des personnes d’origine étrangère.
L’individualisme est un mouvement long de l’histoire qui conduit progressivement à une atomisation du lien social. C’est la mise en place d’une société du « droit » pour chacun d’affirmer ses choix personnels, sa singularité au travers de son mode de vie et de ses désirs immédiats.

L’individualisme a et peut apporter le meilleur comme le pire.

Le meilleur, comme l’autonomie de l’individu, une plus grande tolérance, les droits de l’homme, l’égalité entre les hommes et les femmes, la liberté de la presse, la liberté d’association ou la liberté de penser.

Le pire, comme la liberté qui ne respecte pas la liberté d’autrui, la priorité des droits sur celles des devoirs.

Ce processus d’individualisation et de déshumanisation de la société se vit également aux travers de manifestations collectives particulières comme le cocooning – le repli sur la sphère privée – ou le phénomène Nimby – « pas dans mon jardin ». Le développement technologique accentue aussi ce mouvement : les relations interpersonnelles ont tendance à diminuer voire à devenir anonymes et virtuelles (sur Internet).

Parallèlement, nos sociétés sont confrontées à une nouvelle lame de fond : le communautarisme et le fanatisme.

Côté face, le communautarisme apporte du lien social dans notre société éclatée sous la diversité des modes de consommation et de vie. Il y a une réaffirmation d’une identité, d’un sentiment d’appartenance à un groupe ou à une société.

Côté pile, le communautarisme dans sa forme la plus radicale constitue le terreau du fanatisme, de l’intégrisme et du collectivisme. Il nie les droits de l’individu au sein de sa propre communauté ou pire encore, il nie les droits d’existence et de vie d’une autre communauté. L’excès, l’intolérance et l’intégrisme peuvent déstabiliser sélectivement les pays constitutifs de l’Union européenne.

Entre l’affirmation de soi et de sa communauté d’un côté et les nécessaires règles de vies communes d’une société de l’autre, entre les droits et les devoirs, entre les intérêts de l’individu et l’intérêt général, il y a une transformation profonde du lien social qui unit les différentes personnes qui composent une société.

Autre constat alarmiste qui résulte de cette société éclatée : le profond malaise vécu par une jeunesse en perte de repères. La société d’aujourd’hui est caractérisée par la rupture des mécanismes traditionnels de contrôle, exercés normalement jadis par la famille, le voisinage, l’école.
Plus que par le passé, les jeunes sont exposés à de nombreux facteurs de risque comme l’oisiveté, la déscolarisation prématurée, le manque d’insertion professionnelle, les phénomènes d’alcoolisme, de drogue. De ce fait, la jeunesse est ressentie par le monde des adultes comme un problème. Un fossé d’incompréhension se creuse. Les jeunes sont marginalisés. Certains tombent facilement dans la révolte et la délinquance. De plus en plus de jeunes sont, de plus en plus tôt (12-16 ans) , en situation de décrochage familial et scolaire. Les structures existantes (clubs sportifs, centre culturel, mouvements de jeunesse) ne répondent pas à l’attente de ces jeunes qui adoptent une attitude de rejet en bloc de la société.

Notre ambition : miser sur les familles, l’éducation et réussir la société multiculturelle

L’épanouissement de chaque personne trouve ses racines dans une société où la famille, l’éducation et la culture ont un rôle clé à jouer.
Le défi de l’immigration, aujourd’hui et encore plus demain, consiste à construire une société véritablement multiculturelle.
La famille, l’éducation, tout comme la formation, l’insertion sociale et professionnelle, l’égalité des chances, la culture, les loisirs et le cadre de vie, conditionnent certes le développement de nos régions, mais déterminent surtout l’épanouissement de chaque personne.

Dans notre conception de la société, nous considérons que chaque personne s’épanouit par ses relations interpersonnelles. C’est au sein des familles que s’apprennent et se vivent d’abord la solidarité, la tolérance, le souci des autres et le sens du devoir. Un soutien déterminé aux familles leur permettant de jouer et d’assumer leurs responsabilités de premier éducateur s’avère dès lors indispensable.

Sur le plan pratique aussi, la restauration de l’image de la famille peut aider à surmonter les questions liées au vieillissement de la population et à la débâcle démographique, y compris la délicate question du paiement des retraites.

Responsabiliser et soutenir les parents dans l’éducation est primordial car l’enseignement seul ne doit pas assumer toutes les missions d’éducation. La reconnaissance et le soutien qu’accordera la société à l’éducation et au rôle des familles, détermineront la qualité de l’avenir de nos enfants.

Notre ambition est de bâtir un projet éducatif avec l’ensemble des acteurs de l’éducation au premier rang desquels figurent les enseignants qui doivent être soutenus, reconnus et motivés, dans la perspective d’une société de personnes responsables et capables d’initiatives.

Le projet éducatif que nous soutenons doit allier pédagogie de la réussite et retour au sens de l’effort. Nous défendons un système d’enseignement qui renoue avec la performance tout en considérant qu’un enfant égale un enfant.

Pour lutter contre le phénomène de la violence urbaine dont les auteurs sont majoritairement des jeunes mineurs en situation de décrochage familial et scolaire, nous proposons d’initier des politiques nouvelles.

Le pouvoir fédéral et régional doivent soutenir davantage les Communes qui s’engagent dans des politiques innovantes en matière d’encadrement de la jeunesse.

La création dans chaque Commune d’une « maison de jeunes » et le recrutement d’ « éducateurs de rue » au contact direct des jeunes, sont de nature à prévenir la délinquance juvénile et à modifier le comportement social de ces jeunes.

Par ailleurs, la question de l’intégration des immigrés doit être abordée sans tabou, de manière responsable et humaine. Le mot « immigré » n’a d’ailleurs plus guère de sens par rapport à la réalité, car nous sommes aujourd’hui en présence de générations nées en Belgique. Les « immigrés » d’hier sont aujourd’hui soit belges, soit résidents permanents dans notre pays. Nier cette réalité relève de l’irresponsabilité: la Belgique, déjà confrontée à ses conflits linguistiques et communautaristes risque, demain, d’y ajouter les problèmes d’autres communautés, et se trouvera face à de grandes difficultés.

Le défi à relever est celui de construire une société véritablement multiculturelle. Nous estimons que des solutions volontaristes, qui privilégient le long terme, sont indispensables. Cependant, nous défendons becs et ongles que tout résidant belge respecte les droits de l’Homme et les libertés fondamentales, la Constitution et les lois du peuple belge.
Nous défendons aussi les principes suivants:

Notre pays, dans le respect des engagements qu’il a signés, accorde le droit d’asile aux personnes reconnues comme étant réfugiés politiques. Ceux qui n’auraient pas obtenu ce statut doivent se voir garantir des conditions de vie humaines et décentes dès lors qu’ils se trouvent encore sur notre territoire.

L’immigration clandestine ne peut pas être tolérée. Toute mesure d’expulsion de demandeurs d’asile déboutés ou de « sans papiers » se doit de respecter les droits de recours garantis par la loi, et les droits humains en général. Mais si une décision d’expulsion a été prise, nous insistons pour que celle-ci soit exécutée dans les faits et dans les plus brefs délais.