La Belgique risque de connaître un black-out à l’hiver 2025 : « Il va nous manquer 5,2 GW »
Les trous de productions d’électricité pourraient être nettement plus important que prévu, selon des estimations de Marie-Christine Marghem. Raison pour laquelle il faudrait revoir les normes de sûreté.
Extraits de l’article de Gauvain Dos Santos dans la DH – 25-02-2023
Le gouvernement fédéral a reconnu qu’il y avait un risque d’approvisionnement d’électricité à l’hiver 2025-206. Se basant sur un rapport d’Elia, l’exécutif déclarait que la Belgique pourrait souffrir d’un déficit de 900 MW à 1200 MW lors de cette période où les sept réacteurs nucléaires belges seront à l’arrêt. Selon Marie-Christine Marghem (MR), le risque de black-out est nettement sous-évalué. La députée fédérale estime que les capacités qui vont manquer sont nettement supérieures à ces estimations.
“Le pic de consommation d’Elia ne tient pas compte de l’anticipation de l’électrification des voitures et le placement de pompes à chaleur. Rien que pour ça, il faudrait 1410 MW en plus. Le mécanisme de compensation (CRM) est surévalué. Sur ce plan, il va manquer 1940 MW. Le gouvernement a également surestimé les importations qu’il est possible de faire. On parle ici de 1935 MW. Au total, il va manquer 5285 MW.”
C’est la raison pour laquelle la libérale a déposé une proposition de loi visant à prolonger au minimum 5 réacteurs. Selon Marie-Christine Marghem, Doel 1, Doel 2 et Tihange 1 pourraient être techniquement prolongés sans aucun problème. Ce qui bloquerait, c’est la mise en conformité de ces réacteurs aux normes de sûreté belges Wenra. Cette mise en conformité serait extrêmement coûteuse. […]
Trop coûteux pour Engie
“C’est un des points d’achoppement de la discussion avec le gouvernement fédéral”, assure l’ancienne ministre de l’Energie. “L’investissement ne serait pas rentable pour l’opérateur français. Mais il est possible de mettre les centrales raisonnablement aux normes, d’avoir une discussion rationnelle sur ce qu’il est absolument nécessaire de faire pour protéger correctement nos centrales.”
Les normes Wenra ont été définies par des régulateurs internationaux après la catastrophe à la centrale nucléaire japonaise de Fukushima. Ces recommandations ont été faites de manière internationale pour les pays de l’Ouest de l’Europe mais elles ne sont pas des obligations. Une revue de toutes les unités a été demandée dans le but de voir si les centrales pouvaient supporter une série d’accidents d’origine externe, comme un tsunami, une tempête, une canicule ou des inondations. […]
“Mais c’est uniquement parce que la Belgique impose ces normes alors qu’elles ne sont que des recommandations internationales. De l’autre côté de l’Escaut, aux Pays-Bas, il a été décidé une prolongation supplémentaire de la durée de vie de la centrale de Borssele déjà autorisée pour 60 ans. En Belgique, par un arrêté de 2011, on a rendu ces normes totalement obligatoires, de manière plus contraignante que dans d’autres pays qui nous entourent comme la France et et les Pays-Bas.”
Pour revoir ces normes, il suffirait de changer un arrêté royal, affirme Marie-Christine Marghem. Selon elle, la ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden (CD&V) pourrait assouplir ces normes belges sans même passer par le Conseil des ministres.
DH – Gauvain Dos Santos